Notre lanterne magique est sans conteste le plus luxueux exemplaire jamais réalisé. Elle fut sans doute destinée à orner un salon parisien à la pointe de la mode. De fabrication française, la lanterne présente de fortes influences anglaises accentuées par la présence des plaques de Wedgwood.

Cette lanterne est caractéristique du style et du goût du marchand mercier Dominique Daguerre (vers 1740-1796) qui s’était fait une spécialité de l’importation de meubles anglais et de plaques de Wedgwood dont il était, à partir de 1787, l’agent exclusif. Ces plaques ont été par la suite imitées à Sèvres afin d’être insérées dans divers meubles.

La lanterne magique est à mi-chemin entre l’instrument scientifique et celui artistique qui a connu un vif succès depuis la deuxième moitié du XVII^e siècle jusqu’à l’invention du cinéma. En effet, elle a été utilisée aussi bien à des fins didactiques et scientifiques pour les recherches sur la lumière qu’à des fins de divertissement. Elle constitue l’exemple type des instruments d’optique dits objectifs.

La lanterne magique est constituée de trois éléments : une source lumineuse qui projette une image peinte sur une plaque de verre peinte au travers d’un objectif qui est une lentille convergente. Elle fonctionne sur le principe de la camera obscura, mais ici le soleil et les images projetées sont remplacés par des éléments artificiels : la lampe à pétrole ou à huile et la plaque de verre peinte. Il existe de nombreuses variantes et les plaques de verre sont parfois munies de petits mécanismes permettant d’animer partiellement l’image.