Un Bestiaire mécanique

La dixième exposition de la Galerie Kugel poursuit la recherche de domaines de l’art jusque-là injustement méconnus. Les horloges à automates de la Renaissance n’ont jamais fait l’objet d’une étude spécifique. Les auteurs d’ouvrages de références sur l’horlogerie leur concédaient au mieux un chapitre.

Ces merveilleux objets combinant l’art de la sculpture, de l’horlogerie et parfois de l’ébénisterie, furent réalisés pour l’essentiel dans la ville d’Augsbourg, alors principal centre artistique germanique. Rivalisant de fantaisie et d’ingéniosité, ils fascinèrent les cours européennes. On les retrouve aujourd’hui dans les plus grands musées historiques : Vienne, Dresde et Munich. Ils servirent parfois de précieux cadeaux diplomatiques.

Les trente et une horloges à automates réunies dans l’exposition et dans le présent ouvrage constituent le plus grand ensemble jamais réuni et leur étude a fait surgir d’étonnantes interactions. Par exemple les similitudes troublantes entre plusieurs des plus belles horloges anonymes de l’exposition : l’éléphant (cat. 3), le grand lion passant et son dresseur (cat. 7), le grand lion assis (cat. 9) et le char de Bacchus (cat. 11), suggèrent l’hypothèse qu’elles proviennent d’un même atelier. Le choix d’une présentation chronologique a également induit une remise en question des datations généralement admises.

Le titre « bestiaire mécanique » est quelque peu restrictif car, parmi les horloges présentées ici, un quart représentent des figures humaines sans animaux et certaines ne sont même pas automates. Pourtant, les trente et une horloges rassemblées forment un ensemble homogène et cohérent, étant toutes destinées au même but, l’amusement et l’émerveillement des collectionneurs de leur temps.